Certains d’entre vous savent que je suis très attachée à l’histoire de l’eau à Paris, c’est pourquoi aujourd’hui je vous propose de plonger dans l’histoire des pompes à feu.
Même si c’est un peu difficile à le croire aujourd’hui, l’eau de la Seine a toujours joui d’une très bonne réputation jusqu’à la découverte des micro-organismes par Pasteur au 19ème siècle.
De tout temps, pour se ravitailler en eau les habitants allaient directement se servir sur les bords de la Seine, activité qui pouvait parfois être dangereuse. Puis au 13ème siècle, un nouveau métier apparait, le porteur d’eau. C’était un métier difficile mais très lucratif. Il était très souvent exercé par des Auvergnats.
Plus tard, Henri IV décide de créer une « fontaine » sur le Pont Neuf qui ne comptait aucune habitation (le seul à l’époque). Il utilise la technique de la roue à eau. La fontaine de Samaritaine permet aux habitants de se servir directement sur le pont et non plus sur les berges.
Avec l’arrivée de la vapeur, les frères Perier se lancent dans la construction d’une pompe à feu qui fonctionne au charbon. Elle se situe non loin de l’actuel Palais de Tokyo sur la colline de Chaillot. Ce « quartier » est un vaste terrain vierge en plein développement. Pour les 2 frères cette pompe est l’occasion de faire des profits.
En 1780, Chaillot est dans Paris et les parisiens sont de plus en plus sensibles aux problèmes de pollution et certains se méfient des cheminées de cette pompe à feu. L’usine est très impressionnante, elle est l’œuvre d’un architecte, les 2 frères voulaient que leur pompe soit belle de l’extérieur !
Comment ça marche une pompe à feu ? Un conduit est installé dans la seine et la pompe aspire l’eau pour l’emmener jusqu’à 4 réservoirs se situant en hauteur. Un réservoir se rempli, un autre qui se vide, un est utilisé comme tampon et le dernier sert de réserve.
La demande en eau est de plus en plus importante, alors pour un meilleur rendement, l’usine consomme énormément de charbon. 50% de l’eau de la rive droite vient de cette usine et est délivrée jusqu’à Bastille.
Les personnes qui profitent de cette avancée technique sont les immeubles bourgeois. Tout n’est pas encore au point, puisque 5 litre d’eau seulement sont délivrés par jour à une certaine heure de la journée.
Si on regarde l’implantation géographique de la pompe à feu, on peut se poser quelques questions… lorsque l’eau de la Seine arrive au niveau de la pompe à feu de Chaillot, celle-ci a déjà traversé tout Paris (teintureries, savonneries, Les Halles avec ses boucheries… ont déversé leurs déchets dans la Seine). De plus, juste à coté de la pompe se déverse un collecteur qui a pour fonction de récupérer une grande partie des égouts de la rive droite…
Les frères construisent une autre pompe en 1786 en face de celle de Chaillot dans le port du gros caillou. Les mêmes erreurs seront commissent puisque la pompe est implantée à coté du collecteur des Invalides.
Malgré tous ces désagréments, les pompes rencontrent un franc succès mais suite à une mauvaise gestion, la pompe de Chaillot est rachetée en 1788 par la mairie de Paris : La Compagnie des Eaux de Paris est créée (elle existe toujours puisque j’y travaillais).
Il ne reste aujourd’hui aucun vestige des ces pompes.
L’usine d’eau d’Auteuil plus « rustique » attire les bourgeois parisiens et de grands hôtels particuliers sont construits. A Auteuil, il existe de nombreuses sources d’eau mais elles sont délaissées au profit de l’eau de la Seine qui arrive directement au robinet.
En 1860, Auteuil est annexé à Paris. Belgran qui est en charge du service de l’eau à Paris dénonce la mauvaise qualité de l’eau des pompes des Frères Perrier. Ces pompes seront abandonnées en 1900. Belgran décide de créer 2 réseaux d’eau : le réseau d’eau potable et le réseau d’eau non potable passant dans les égouts (toujours d’actualité). Il construit également le bassin de Passy, réservoir d’eau non potable et prévoit la construction du puit artésien de Passy (aujourd’hui encore, une fontaine dans le square Lamartine permet de boire cette eau considérée excellente).
La pompe d’Auteuil a été réhabilité en 1900 (architecture typique de l’époque : brique, poutre métallique, matériaux standardisés..). Mais en 1925, elle est déjà désuète malgré son rendement de 60 000m3. Pour améliorer la productivité, un 2ème bâtiment est construit et en 1950 la pompe devient électrique.
A partir de 1933, l’eau des égouts est envoyé vers la station d’épuration d’Achères .L’eau sale n’est plus rejetée dans la Seine.
Aujourd’hui certains arrondissements de Paris sont approvisionnés en l’eau avec l’eau de la Seine (traitée avant d’être distribuée).
Pour finir sachez que la pompe d’Auteuil abrite le pavillon de l’eau.
Aresse : 77 avenue de Versailles PARIS 16
bonjour
j’aimerai savoir quelle etait la technologie utilisee dans le fonctionnemt des pompes feux ?
sagissait il de systemes alternatif a la vapeur, ou bien de capacite chauffees pour creer un vide artificiel qui ensuite aspirait l’eau par differenciel de pression .
merci de vos reponses
meilleures salutations
R.HAMILTON
Bonjour,
L’association « l’eau à Lyon et la pompe de Cornouailles », participe à la conservation, à la mise en valeur, et à l’histoire de l’usine des eaux de Lyon construite entre 1853 et 1856..
3 pompes à feux construites au Creusot (71) par les établissements Jeumont-Shneider ont fonctionné sur le site jusqu’en 1910 l’usine implantée sur le site de Saint Clair conserve une pompe classée monument historique.