Article rédigé par François B. de ohmyhomme.fr
Un lieu plus qu’insolite dans Paris?! Le voici. Un bâtiment vieillit par le temps et chargé d’histoire mais pas si dénué de sens que ça, dont la ville de Paris ne sait (véritablement) quoi en faire! Cet ancien entrepôt frigorifique aurait pu être une banque sous l’ère Toubon, mais hourra, Bertrand Delanoë l’a gardé en l’état (de vétusté un peu quand même) et a entendu ses « habitants »: Être tout simplement reconnu. Ici, 200 créateurs aux multiples sensibilités artistiques y sont discrètement installés, dans un bâtiment de 5 étages avec sa tour dominante, qui jadis abritait à l’intérieur un grand ascenseur nécessaire aux transferts des denrées périssables des chambres jusqu’aux wagons. Bienvenue dans Les Frigos…
Son histoire, la voici en résumé! Construit en 1921, la Compagnie Ferroviaire Paris-Orléans utilise ce bâtiment comme réfrigérateur géant, où les trains pouvaient acheminer la marchandise directement à l’intérieur. Au cours des années 80 (fin de l’activité), la S.N.C.F, propriétaire alors du lieu, décide de le louer à des artistes et artisans pour en faire un lieu de production et de création. En 2004, la Ville de Paris en deviendra propriétaire.
Aujourd’hui, ce lieu est tout autre mais il reste quelques vestiges qu’on voit (ou ne saurions voir) par-ci par-là. Aménagé par les locataires (à défaut de financements publics), Les Frigos sont et restent (très) sensés mais malheureusement sans sous depuis 1985!
Ne vous y trompez pas! Le lieu n’y est pas glacial, peut-être aux premiers abords lorsque l’on pénètre dans ses longs couloirs interminables où tags et graffiti, dessins aux crayons tapissent les murs… Il n’en est rien! Dans les entrailles de ce vestige, où se côtoient auto-entrepreneurs, photographes, accordeurs de piano, musiciens, éditeurs de presse, peintres ou sculpteurs, là, se trouve la chaleur humaine, l’échange intelligent.
On se faufile donc dans ces longs couloirs, un pas après l’autre (A-t-on le droit d’être là ou pas?, peut-on se poser comme question), la même question que peuvent se poser les locataires du Frigo à chaque élection municipale!
Derrière ses portes, pesant un âne mort, aux poignées très identifiables de frigo industriel, se cache une véritable ruche d’hommes et de femmes aux talents multiples qui sont là depuis peu ou pour certains depuis plus d’une quinzaine d’années… D’autres « chambres froides » sont inoccupées! Difficile de (re)louer un « emplacement » qui sur les documents n’a pas (trop) d’existence (très) légale!
Alors, pas évident d’exprimer son potentiel artistique ou développer son talent dans ses conditions. On pourrait même parler d’un bâtiment qui est resté dans son jus! Oui, mais avec une vrai âme… Un coup de pouce Messieurs les politiques!
On croise aussi dans les couloirs quelques artistes installés: « Les Frigos, c’est un lieu un peu né du hasard. Ici, la mixité est viable et les collaborations sont fructueuses. C’est une intelligence reconnue et efficace. Une complexité [peut-être] qui devrait être officialisée comme lieu expérimental », revendique l’un d’entre-eux.
A l’extérieur, on est forcément tenté de faire le tour du bâtiment. Le street-art a posé ses quartiers. De magnifiques graffiti recouvrent les murs du lieu! D’autres artistes (peut-être un peu « hors-la-loi ») offre une tout autre lecture à ce lieu! Mais attention, ce n’est pas ça qui fait le lieu! Juste l’ouverture d’une parenthèse artistique jamais refermée. Légal ou illégal, les locataires des Frigos laissent peut-être faire mais on aime!
Les Frigos, ce sont aussi deux associations « qui ne lâchent rien » aux politiques. Les locataires (entre 40 et 50) et les signataires. Ces deux associations se battent pour avoir une vraie reconnaissance du lieu (tant attendue)!
Plus de 8000 signatures recueillies, d’anonymes à Jean-Paul Gaultier, qui en juin dernier réalisait un shooting photo sur place pour une de ses collections. Et bien d’autres, des Grands noms qui sont ou ne sont plus (de ce monde) sont venus, ont vu et ont soutenu. Preuve à l’appui!!
Alors Les Frigos, ça se raconte oui, mais pas par moi finalement. Faîtes un arrêt là-bas un jour dans la semaine ou même un samedi en famille. Passez la tête derrière une porte entre-ouverte d’un ancien frigo. Y’a quelqu’un? Oui… L’âme des frigos! C’est l’histoire d’un lieu fragile en sursis qu’il faut mettre en avant!
Site internet : www.les-frigos.com
Adresse : Frigos de Paris – 19, rue des Frigos – 75013 Paris – Métro L.14 (Bibliothèque François-Mitterrand).
Je ne connaissais pas ce lieu, merci de la découverte!